Ça sent le brûlé !
Y a rien de pire que de rester dans le doute à se poser sans arrêt les mêmes questions et sans y voir l'ombre d'une réponse.
Mes doutes se nourissent du temps. Ils grossissent jour après jour. Puis, quand ils deviendront trop lourds à porter, je serai obligée de m'en débarrasser. Je les prendrai dans mes bras, les regarderai une dernière fois puis je les lui donnerai.
Mais là, plus de retour en arrière...
Chaque soir, depuis quelques jours, je pense à rompre nos liens si fragiles. Je n'y crois plus comme avant. Enfin non, maintenant je n'y crois plus du tout. Je me sens bernée à nouveau. L'histoire se répète peut-être. Moi qui pensais être certaine cette fois.
Mon Dieu comme ça fait mal. Mon Dieu comme je sens que mon amour pour lui diminue. Il n'en reste plus grand chose à présent. Je fais semblant... à nouveau.
...
J'avance à contre courant.
Ça ne me plaît pas mais je ne dis rien.
Je me revois il y a un an.
A croire que je ne mérite rien de bien.
Je suis blasée, sans engouement, sans flamme au coeur. Cette flamme qui me faisait faire de grandes choses sans me sentir fatiguée. Cette flamme qui me donnait une motivation d'enfer.
Elle en est là Sarah aujourd'hui. La tête pleine d'idées désordonnées. Le regard loin, perdu entre les rêves et les peurs. Le pied hésitant, les bras le long du corps.
Elle s'est arrêtée de marcher. De toute facon, elle ne marchait plus vraiment. Elle zigzaguait sans savoir où aller.
Elle a s'est arrêté et elle a fouillé dans son sac à dos. Elle en a sorti un masque et elle l'observe... longuement... et elle se demande ce qu'elle fera si elle décidait de le porter à nouveau.
Au fond, elle n'a pas envie. Elle sait que ce jeu n'est pas fait pour elle et qu'elle sera perdante à tous les coups. Mais elle hésite quand même.
Ce n'est pas ça l'amour. Ce n'est pas comme ça qu'on aime.
Ouch...
Coup de marteau après coup de marteau, le clou fini par s'enfoncer dans la chaire.
Mais coup de marteau après coup de marteau, le clou se déforme et parfois se plie.
Et à chaque coup de marteau, à chaque éclat de métal, c'est un bout de mon amour pour lui qui s'en va.
Suis-je en train de revivre la même chose ?
Prochain arrêt...
Baisse de température, baisse de confiance en moi... baisse de confiance en lui.
Pourquoi ne referais-je pas les mêmes erreurs ? Qui me dit que cette route est la bonne ? Pourquoi mes pieds continuent de s'enfoncer dans cette boue collante ?
Je doute. C'est humain et sain me diriez-vous, mais c'est tellement épuisant de ne pas savoir, de rester dans un brouillard qui ne se dissipe pas.
Je ne fais plus confiance qu'à quatre personnes sur cette terre : mon père, ma mère et mes soeurs. Pour le reste le doute règne.
Je doute quand il dit qu'il n'y a que moi mais que ses yeux cherchent ceux des autres filles quand il fait de l'humour.
Je doute quand il dit qu'il a arrêté mais que je ne le reconnais pas, ni à son regard ni à son intonation.
Je doute quand il dit que je suis belle, quand il dit penser à moi et même quand il me dit qu'il m'aime.
Comment en suis-je arrivée à douter autant ?
À coups de marteaux...
Comme si le bonheur ne pouvait être que de courte durée, comme si l'insouciance ne devait pas prendre trop de place trop longtemps dans ma vie, la gifle que je redoutais de recevoir m'a finalement frappé en pleine face...
Et Dieu comme ça fait mal...
La seule envie que j'ai est de replonger dans mes couvertures et donner le dos au monde. Entrer dans ma bulle de coton, là où personne ne me dit quoi faire, comment et pourquoi. Là où je n'ai plus à me mesurer aux autres, plus à me comparer, plus à chercher à plaire. Je veux juste être seule. Juste un moment. Seule avec moi même. Seule avec mes émotions et mes craintes à apaiser. Il y a mes déceptions aussi, elles ne sont jamais bien loin, elles, de toute façon.
J'aurais aimé continuer à planer sur ma planche, sur cette eau transparente. Sans avoir à penser, sans devoir me poser de questions. Juste me laisser aller avec le courant. Fermer les yeux et sourire au ciel, le coeur plein d'une joie qui s'évaporera trop tôt.
Il a prit le temps de planter minutieusement des graines d'amour dans mon coeur. Jour après jour, il les a arrosé. Il a regardé chacune des graines se transformer en une jolie fleur d'amour. Et lorsque les pétales se sont ouverts au soleil, il a arraché chacune des fleurs avec une douceur foudroyante et me les a jeté au visage.
idiot ! Regarde ce gâchis...
La terre de mon coeur n'est plus aussi riche et fertile qu'avant. Elle donne difficilement des fleurs d'amour... de si jolies fleurs d'amour... Et bientôt, lorsqu'elle sera devenue sèche on y coulera une chape de béton et plus jamais... plus jamais une fleur d'amour n'y poussera.
Imbécile ! Regarde les larmes qui coulent sur mon visage. Regarde comme ça me fait mal de te voir arracher les fleurs que tu as planté. Ou non, ne me regarde plus. Laisse moi dans mes couvertures, dans ma bulle de coton. J'ai besoin d'être seule, juste une nuit, sors de ma tête le temps de voir si sans toi je sais encore être heureuse.